Sobre hommage à Georges Séguy à la CGT.
Plusieurs centaines de militants syndicaux ont rendu hommage, mardi 20 septembre, à Georges Séguy, l’ancien secrétaire général de la CGT (1967-1982) décédé le 13 août à l’âge de 89 ans. Une sobre cérémonie, où l’émotion le disputait à l’humour, qui s’est déroulée dans le patio du siège de la CGT à Montreuil que le syndicaliste avait inauguré en 1982.
« La CGT est en deuil », a déclaré Philippe Martinez en présence de deux de ses prédécesseurs, Bernard Thibault et Louis Viannet. Le secrétaire général de la CGT a retracé le parcours syndical de Georges Séguy, « un homme pétri de convictions et de courage » qu’il n’a pas connu. Il a salué un militant qui voulait « agir pour un monde meilleur et pour le progrès social« . « Jusqu’au dernier moment, a-t-il souligné, malgré les coups durs de l’existence [retiré dans sa maison du Loiret, il avait perdu sa femme et un de ses deux fils et avait dû, à la fin de sa vie, être amputé des deux jambes], il est resté disponible , prêt à se mobiliser pour une cause qu’il considérait comme juste. »
« Double engagement » syndical et politique
Emu, Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste – dont le père, Paul, a siégé aux côtés de Georges Séguy au bureau politique – a rendu hommage à cette « grande figure du mouvement ouvrier » : « Son militantisme politique et son militantisme syndical ne se confondaient pas mais formaient un tout dans son combat pour plus de justice. Il était communiste des pieds à la tête, pleinement communiste. (…) Georges vivait le communisme dans sa chair. »
A ceux qui mettaient en cause son « double engagement » syndical et politique, Pierre Laurent a rappelé que le dirigeant cégétiste « ne confondait pas [ses engagements] mais il ne les dissociait pas non plus« . Pour autant, « il défendait avec ferveur et avec raison l’indépendance syndicale » mais il « fustigeait l’apolitisme » et plaidait pour « la politisation du mouvement ouvrier ». Le secrétaire national du PCF a fait allusion au soutien que Georges Séguy avait apporté, en 2012, à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, en relevant qu’il avait participé à « l’aventure du Front de gauche »…
Orchestré par Elyane Bressol, présidente de l’Institut CGT d’histoire sociale que Georges Séguy avait fondé, l’hommage a été émaillé de petits films retraçant les grandes étapes de la vie de cet ancien déporté à Mauthausen, sur les événements de Mai-68 et le relevé de conclusions – jamais signé – de Grenelle ou encore le 40e congrès de la CGT à Grenoble en 1978, celui de l’ouverture où il avait tenté d’émanciper la centrale syndicale de la tutelle du Parti communiste. Les cent fleurs avaient tourné court, Georges Marchais, le secrétaire général du PCF, relayé au sein de la CGT par Henri Krasucki auquel Georges Séguy dût céder la place en 1982, s’y opposant.
Humour et compliment
Pierre Laurent a salué « un novateur » qui avait proclamé à Grenoble : « Il n’y a pas à la CGT de privilèges se rattachant à une étiquette politique« . Et Philippe Martinez n’a pas fait l’impasse sur cet épisode, soulignant qu’au 40e congrès, Georges Séguy avait évoqué « la question de l’indépendance syndicale, ouvert une réflexion sur le compromis dans les négociations et prôné l’unité syndicale ».
La famille a aussi participé à l’hommage. Sa sœur, Denise Foucard, a rappelé l’engagement de leur père, André Séguy, dès 1920, au Parti communiste et a illustré l’humour dont son frère faisait souvent preuve. « Un militant triste, disait-il, reste toujours un triste militant. » Racontant qu’à la fin de sa vie, Georges Séguy espérait avoir des prothèses pour pouvoir marcher, elle a rapporté son propos qui faisait allusion à ses rapports difficiles avec Georges Marchais : « Vas voir le médecin et dis-lui : “docteur, il faut faire Georges marcher” »…
Sa fille, Dany, et son fils, Michel, ont parlé de l’homme privé. Et ses quatre petits enfants ont récité le compliment, louant avec humour la passion de « Jojo le chevalier » pour le jardinage, qu’ils lui avaient concocté lorsqu’il avait été élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur. La minute de silence a été remplacée par une minute d’applaudissements. Et avec en fond musical la chanson de Jean Ferrat Ma France, Philippe Martinez a dévoilé une plaque donnant le nom de Georges Séguy au patio de la centrale.