La France, pays le plus touché par la chute de la production automobile en Europe.
La production d'utilitaires, comme ici à Renault Maubeuge (Nord) a permis de maintenir la France dans les trois premiers pays producteurs de voitures en France sur les dix premiers mois de l'année, malgré la crise.
D'après Inovev, la France a enregistré la plus forte chute dans la production de véhicules particuliers des pays d'Europe en 2020. De quoi faire reculer le pays dans le classement des plus gros producteurs de voitures en Europe. Par chance, il y a les utilitaires.
Mauvaise nouvelle. Dans une analyse publiée dimanche 7 décembre, le cabinet Inovev estime que la France est le pays d’Europe le plus touché par la baisse de la production automobile. Sur les dix premiers mois de l’année, les volumes d’assemblage de véhicules particuliers neufs dans l’Hexagone ont chuté de 47%, par rapport à la même période en 2019.
Le deuxième pays le plus sinistré est le Royaume-Uni (-36%), notamment à cause des incertitudes liées au Brexit. Le géant allemand est lui aussi touché, avec un recul de l’ordre de 30% sur les dix premiers mois de l’année. L’Espagne et l’Italie s’en sortent mieux (-25%) grâce à "l’arrivée de nouveaux modèles dans leurs usines (Peugeot 2008 en Espagne et Jeep Compass en Italie)", précise Inovev.
En France, la forte contraction s’explique par les mesures de confinement décidées pour enrayer la propagation de l’épidémie de la Covid-19, mais aussi par le départ de plusieurs modèles. "La France a pâti fortement du transfert en Espagne de la Peugeot 2008, de la Renault Clio en Slovénie, de la Peugeot 208 en Slovaquie et de l’Opel Grandland en Allemagne", écrit Inovev dans sa note.
LA FRANCE SAUVÉE PAR LES UTILITAIRES
Bilan : "la France est passée derrière la République Tchèque en 2020" en matière de production de voitures particulières depuis le début de l’année, d’après les calculs du cabinet. L’Hexagone a produit 8% du total des modèles assemblés sur le Vieux Continent sur les dix premiers mois. Autant que le Royaume-Uni, mais moins que la République Tchèque (9%), l’Espagne (16%) et l’Allemagne (29%).
C’est sans intégrer la production des véhicules utilitaires. Au total, la France a produit sur les dix premiers mois de l’année un peu plus d’un million de véhicules, précise Inovev. Bien moins qu’avant la crise. Mais grâce aux utilitaires, l’Hexagone se maintient à la troisième place des plus gros producteurs d’automobiles en Europe.
Le pays se situe derrière l’Espagne (1,8 million de véhicules utilitaires et particuliers, soit 17% de la production européenne) et l’Allemagne (29%, environ 3 millions de véhicules). La République Tchèque est pour sa part reléguée à la quatrième place (pas loin de 850 000 unités produites), et le Royaume-Uni à la cinquième (seulement 800 000 voitures produites en intégrant les utilitaires).
CHEZ RENAULT, TROIS USINES D’UTILITAIRES
Pour le tissu industriel français, les utilitaires apparaissent de plus en plus cruciaux. PSA a dédié son site de Hordain (Nord) à la production de ces modèles, tandis que chez Renault, trois sites assemblent des utilitaires : Batilly (Meurthe-et-Moselle) Maubeuge (Nord) et Sandouville (Seine-Maritime). Ces usines représentent pas loin de la moitié des volumes de production du groupe.
Un phénomène qui devrait s’accentuer avec l’arrêt de Flins (Yvelines). L’usine de production des Renault Zoé et Nissan Micra doit cesser son activité initiale pour se consacrer à l’économie circulaire. Des véhicules continueront à sortir du site, ont assuré les dirigeants de Renault, mais il s’agira bientôt de modèles d’occasion.
Flins doit ainsi être en mesure de reconditionner plus de 45 000 véhicules par an à partir de septembre 2021, afin de permettre au constructeur de se positionner sur le très porteur marché de l’occasion. Une ligne doit aussi être installée en 2024 sur le site francilien avec pour objectif de démanteler 10 000 véhicules par an.
Article paru dans L'usine Nouvelle le 08/12/2020.