Mobilisation du 26 novembre : "On reste mobilisés"
A l’appel des organisations syndicales CGT, FO, FSU et Solidaires, des manifestations contre le projet gouvernemental de réforme des retraites ont eu lieu partout en France. Reportage dans le cortège parisien.
Au terme du défilé parisien, à quelques pas de l’Assemblée, le secrétaire général de la CGT s’est adressé en ces termes aux manifestants :
Il y a un peu plus d’un mois, nous manifestions ensemble pour que les députés entendent les aspirations et les revendications des salariés. L’inquiétude et le mécontentement social se traduisent par des luttes dans les entreprises sur les salaires, les conditions de travail, le respect du droit du travail, notamment pour les salariés sans papiers, les libertés syndicales.
Aujourd’hui même, de nombreuses initiatives et mobilisations ont lieu dans les territoires, devant les préfectures et dans les professions. Ici même, nos camarades égoutiers nous ont rejoints. Les salariés du commerce sont aussi mobilisés pour l’augmentation de leurs salaires.
C’est une réponse à la campagne orchestrée en faveur du travail du dimanche et l’ouverture des magasins la nuit pour permettre au tourisme de luxe de prospérer sur les Champs-Elysées, au détriment de la santé des salariés. Les salariés du transporteur Mory Ducros sont également dans l’action à l’appel de leurs syndicats pour défendre leur activité et leurs emplois.
Ils ont tout notre soutien. A l’Assemblée nationale, après quelques péripéties parlementaires, les députés s’apprêtent à voter une loi régressive réformant nos conditions d’accès du droit à la retraite.
L’augmentation de la durée de cotisations pour bénéficier d’une retraite pleine sera le marqueur d’une politique orientée vers le monde de la finance et du patronat, contre le monde du travail.
Face aux insatisfactions sociales, le gouvernement tente de reprendre la main, en annonçant une réforme fiscale dont on peine à discerner l’ambition politique. En réalité, la réforme fiscale porte un double enjeu : renforcer nos capacités productives et rendre la distribution des richesses plus juste, entre individus et entre territoires.
Sous influence du patronat, le Premier Ministre a lancé l’idée d’une fusion entre la CSG et l’impôt sur le revenu. Ce serait une remise en cause de l’autonomie de financement de la protection sociale par notre salaire socialisé.
La CGT pense que les richesses créées par le travail peuvent financer le hors travail et donc les systèmes solidaires de protection sociale. Ce que nous attendons du gouvernement, c’est qu’il prenne des initiatives en faveur d’une politique de progrès social et de justice sociale.
Les marges de manœuvre politiques sont ouvertes à une réorientation en faveur de la relance économique en Europe et en France qui tourne le dos à l’austérité :
51% des européens estiment que les politiques d’austérité menées depuis le début de la crise ont échoué.
Les économistes de l’OFCE indiquent qu’il faudra des années pour effacer la cure d’austérité menée depuis 2010.
Selon le Président du Parlement européen, « aucune économie nationale ne se redressera sans une relance économique avec des investissements stratégiques ».
C’est aussi l’analyse que portent l’ensemble des organisations syndicales européennes qui composent la CES.
Celles-ci viennent de rendre publique une proposition unanime pour un plan de relance des investissements industriels en Europe qui permettrait de créer 11 millions d’emplois de qualité en 10 ans.
Des emplois de qualité, ce sont des salariés bien rémunérés, disposant de droits et d’une protection sociale solidaire et de haut niveau.
Augmenter les salaires, assurer l’égalité salariale entre les hommes et les femmes sont le deuxième pilier d’une relance économique durable.
La CGT propose de construire tous ensemble une journée de contestation des politiques d’austérité menées en direction du monde du travail, une journée de mobilisation pour augmenter les salaires, financer une protection sociale de haut niveau et créer des emplois. Cette journée pourrait avoir lieu début 2014.
Qu’attendez-vous, mesdames et messieurs les Ministres, mesdames et messieurs les Députés pour prendre des initiatives qui répondent aux revendications du monde du travail ?
Disposer d’un droit à la retraite pour tous à 60 ans,
Pouvoir partir avant, quand on a travaillé de nuit, dans la pénibilité ou exposés à des produits dangereux,
Faire reconnaître les années d’études comme un temps de la carrière professionnelle comptant pour la retraite,
Assurer l’égalité des hommes et des femmes dans les salaires et les pensions,
Vivre la retraite avec des pensions correctes,
Voilà les bases d’une réforme ambitieuse et progressiste de notre système de retraite.
Il faudra qu’elle ait lieu.
La loi que vous vous apprêtez à voter aujourd’hui ne restera pas dans l’histoire mais elle restera dans nos mémoires.
Engager une rupture avec les politiques d’austérité menées jusqu’à aujourd’hui nécessite du courage politique ; cela nécessite aussi la confrontation des idées sur l’analyse de la crise et ses origines, sur les solutions à apporter.
Le MEDEF vient de lancer sa campagne. Pour, dit-il, créer un million d’emplois en 5 ans, il veut encore baisser le « coût du travail »et baisser les dépenses publiques.
Pour le MEDEF, dont l’ambition est devenue la gestion du pays, tout est discutable dans le budget, sauf les 4 500 dispositifs d’aides publiques aux entreprises.
L’ensemble représente 200 milliards d’euros, soit 66 fois le budget du RSA.
C’est la course au moins-disant social et la financiarisation des entreprises qui nous mènent dans le mur aujourd’hui, qui détruisent des emplois et des capacités industrielles.
Faire la lumière sur le coût du capital, qui handicape le développement économique et social, revaloriser le travail en commençant par le rémunérer à sa juste valeur, voilà ce qui peut permettre de sortir de l’impasse économique.
Enfin, je voudrais profiter de cette tribune pour saluer en votre nom à tous, nos camarades mineurs. Ils sont venus de toute la France pour défendre la pérennisation de leur régime spécial de sécurité sociale. Cette lutte nous concerne tous. _Ce régime, conquis et construit par les luttes d’une corporation qui a contribué à l’essor du pays est emblématique de la sécurité sociale solidaire.
Ce régime spécial assure la gratuité des soins à une population dont la moyenne d’âge est de 79 ans.
Il organise la réponse aux besoins de ces populations et des populations des régions minières à partir de son réseau de soins, de ses œuvres, de sa médecine salariée, de ses personnels.
C’est parce qu’il est à l’opposé de la démarche de privatisation, de marchandisation de la sécurité sociale au profit du secteur assurantiel qu’il est attaqué et il nous appartient, à tous, de le défendre ensemble.
L’action des mineurs, je la salue au nom de toute la CGT.
Leur résistance et leur opiniâtreté méritent le respect.
Nous nous rejoignons aujourd’hui, ici, pour défendre nos retraites et de nos systèmes de protection sociale, à l’occasion des débats en cours sur les retraites et le PLFSS.
Le symbole est fort pour interpeller le gouvernement, les élus, afin qu’ils posent les actes pour assurer réellement l’avenir de ce régime spécial.
Je le dis solennellement : il faut répondre aux revendications défendues par cette corporation. C’est donner tout son sens au mot solidarité. C’est une question de justice.
Dès maintenant, une loi doit garantir réellement l’avenir minier. Je vous propose de porter cette exigence tous ensemble, dans l’unité la plus large, ensemble, pour gagner.