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Publié par CGT PAULSTRA

Le taux d’absentéisme et le nombre de jours d’arrêt progressent d’année en année en France. C’est l’un des enseignements de l’enquête du cabinet Réhalto, dévoilée ce matin. Une situation qui inquiète les DRH, sans les pousser à s’interroger sur l’organisation du travail.  

par Eric Béal  15/06/2017  Liaisons Sociales Magazine

 
L’absentéisme progresse de manière continue

Jusqu’où s’arrêtera la progression du taux d’absentéisme ? Depuis 2014, il est passé de 10,1 à 14,2 l’an dernier (12,1 en 2012). 40% des salariés ont été arrêtés au moins une fois au cours de l’année 2016.

En moyenne, chacun d’entre eux a bénéficié de 14,2 jours d’arrêts au cours de cette même période. Des informations tirées de la troisième étude sur les arrêts de travail du cabinet Réhalto, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux. Intitulée "Comprendre pour agir", elle a été réalisée par l’institut BVA auprès 302 DRH et 1497 salariés.

Pour François Dupuy, sociologue et auteur de La faillite de la pensée managériale (juin 2016), le phénomène correspond à une durée psychologique croissante du travail. « Nous sommes passés d’organisations où une certaine coopération entre salariés était possible, à des organisations dans lesquelles les salariés sont en confrontation les uns avec les autres. » Et de préciser que les situations de dépendance envers un collègue pour accomplir son travail sont plus nombreuses aujourd’hui.

Les DRH sont conscients des conséquences négatives du phénomène. Près de huit sur dix (79%) estiment qu’il impacte négativement l’organisation de l’entreprise. La moitié (52%) va jusqu’à dire qu’il dessert sa performance économique. Pour autant, seuls 20% d’entre eux affirment avoir une idée précise du coût au sens large des arrêts maladie.

Passivité des directions

Faut-il y voir là une explication de la passivité des directions ? Moins de la moitié (43%) des DRH interrogés indique qu’ils ont mis en place des actions spécifiques de prévention. Dans trois quarts des cas, il s’agit d’abord d’actions réglementaires du type création d’un document unique d’évaluation des risques professionnels (75%) ou d’une évaluation de la pénibilité au travail (71%).

Moins d’un tiers des DRH ont choisi de mettre aussi en place des formations aux risques psychologiques (29%) ou d’organiser des actions d’accompagnement de la ligne managériale (30%).

Et pour cause, seuls 2% des DRH identifient une cause professionnelle comme étant principalement à l’origine d’arrêts dans leur entreprise. Pour 27% des salariés qui font le lien. « Il n’y a pas de réflexion sur les raisons qui poussent un salarié à s’arrêter. Seuls 28% des DRH interrogés ont des actions concernant la qualité de vie au travail. C’est à se demander si tous les discours sur cette notion ne se résument pas à un exercice de communication », s’interroge Christian Mainguy, président de Réhalto.

Le déni des DRH est total

Jean-Michel Sterdyniak, médecin du travail, n’est pas surpris par cette différence de perception. « Officiellement, le déni des DRH est total, concernant le lien entre RPS, organisation du travail et mode de management. Ils affirment ne pas comprendre ou bien indiquent que le salarié ne s’est jamais plaint. Mais je me demande s’il ne s’agit pas là d’une communication obligée. Les RPS mettent en cause le fonctionnement et l’organisation de l’entreprise. Or direction et DRH ont une responsabilité légale concernant la santé de leurs salariés », observe-t-il.

Et que l’on ose pas affirmer à ce médecin président du Syndicat national des professionnels de la santé au travail, que les salariés s’arrêtent pour un oui ou pour un non. « Contrairement à ce que certains affirment, la plupart des arrêts sont justifiés. La preuve, 41% des salariés ayant répondu à l’enquête indiquent qu’en situation de prendre un arrêt maladie, ils préfèrent poser un congé (10%) ou se rendre quand même au boulot (31%). »

Absentéisme et retrait psychologique

La pression est maximum pour ne pas s’arrêter. 41% de ceux qui ne s’arrêtent pas ne veulent pas subir une baisse de revenu. 31% estiment que leur charge de travail ne leur permet pas de s’arrêter. 22% ont simplement peur d’être mal perçu par leur supérieur hiérarchique ou leurs collègues. En réalité, les conséquences de la pression au travail sont probablement sous estimées. « Chez les ouvriers et employés, les arrêts maladie sont aussi un moyen de s’extraire de la pression au travail, estime François Dupuy.

Mais les cadres ont plutôt tendance à se mettre en retrait psychologique. Ils sont présents mais ne s’engagent plus comme ils pourraient le faire. » Une chose est sûr, retrait psychologique ou arrêts maladie coûtent cher aux entreprises. Il serait temps qu'elles s’en rendent compte et prennent des mesures pour les prévenir.

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